Conserver les habitats et les espèces remarquables

Le CEN Nouvelle-Aquitaine réalise plusieurs actions de gestion sur le site Natura 2000 afin de conserver ou d'améliorer l'état de conservation des habitats d'intérêt communautaire (HIC) et de espèces d'intérêt communautaire (EIC). En voici ici quelques exemples.


Pâturage itinérant des landes sèches, Châteauponsac (87)

Depuis 2018, le réseau des landes sèches de Châteauponsac est entretenu par pâturage ovin itinérant gardé par un.e berger.e. Une centaine de brebis de race Limousine sont mises à disposition du Conservatoire d'espaces naturels Nouvelle-Aquitaine par un éleveur installé en agriculture biologique à Razès (87).

Les brebis sont présentes deux fois par an, au printemps et en automne, pour une durée totale de 12 semaines. Vous pouvez les voir parcourir les landes à la recherche de la meilleure herbe à brouter dès la mi-mai et jusqu'à la fin juin, puis de mi-septembre à début novembre !

Elles se nourrissent des feuilles de Bourdaine et de Ronce, de diverses graminées, des fleurs de Genêt, d’Ajonc nain et de Callune. De plus, elles piétinent les vieux plans de chaméphytes (Bruyère cendrée, Callune) ce qui favorise leur régénération naturelle. Ces deux actions combinées permettent de maintenir ce milieu agro-pastoral, et d'éviter qu'il ne se reboise et disparaisse comme la grande majorité des landes sèches du Limousin. Cette action est financée grâce à un contrat Natura 2000 et est largement facilitée par l’implication de la commune qui met à disposition un logement pour le/la berger.e.

Ce réseau de landes offre des paysages splendides. Cette action contribue ainsi à améliorer le cadre de vie des habitants qui sont heureux de pouvoir pratiquer des chemins entretenus pour accéder aux landes et d’y rencontrer les brebis lors d’une promenade.

En 2021, une stagiaire au CEN Nouvelle-Aquitaine a réalisé sur le territoire de Châteauponsac une étude sur la valorisation paysagère de ces landes :

Pâturage itinérant sur la lande des Vérines à Châteauponsac
Pâturage sur la lande des Vérines à Châteauponsac © Blandine Blachère

Protection et aménagement des gîtes à chiroptères

Le souterrain du Puy Gibaud, Magnac-Laval (87)

Ce souterrain se situe sur la commune de Magnac-Laval, dans le nord de la Haute-Vienne. Il s’engouffre sur plusieurs dizaines de mètres sous une prairie pâturée. On peut supposer qu’il a été creusé dans l’objectif de trouver de l’eau, mais aucun historique précis ne nous a été remonté depuis que le Conservatoire est gestionnaire du souterrain.

Ce gîte abrite en hivernage plusieurs espèces de chauves-souris dont certaines sont d’intérêt communautaire (annexes 2 et 4 de la Directive Habitats-Faune-Flore). Nous pouvons notamment y trouvé le Petit Rhinolophe, le Murin de Natterer, et le Murin de Bechstein, trois espèces considérées comme vulnérables sur notre territoire européen et national.

Afin de préserver la tranquillité hivernale des chiroptères et de garantir la sécurité des vaches curieuses de s’aventurer un peu trop près de l’entrée du souterrain, une grille spécifique a été posée en octobre 2006. Celle-ci a été intégralement financée par l’Etat et l’Europe dans le cadre d’un contrat Natura 2000 porté par le Conservatoire, mandaté à cet effet par le propriétaire et le fermier bailleur via une convention de gestion.

Un suivi annuel du site est assuré par le Conservatoire, en lien avec le GMHL (Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin).

 

L'église de Saint-Sornin-Leulac (87)

Dans le clocher de l’église de la commune de Saint-Sornin-Leulac, une colonie de parturition de Grand Murin, une des plus grandes espèces de chauves-souris en Europe, est connue depuis au moins 1987.

Afin de permettre une bonne cohabitation entre les pratiques religieuses des habitants de la commune de Saint-Sornin-Leulac et les activités estivales de la colonie de Grand Murin, des aménagements spécifiques ont débuté en mars 2006 pour se finaliser en novembre 2006 une fois la colonie repartie vers les gîtes d'hivernage. Ces travaux ont eu pour but la mise en place d’un système de récupération du guano dont le dépôt pouvait causer des dégâts au lambris de châtaignier couvrant la nef. Ce système consiste en la pose de bâches en tente inversée afin de guider les excréments dans des bacs récupérateurs vidés chaque année.

L’église faisant partie du site Natura 2000 de la Vallée de la Gartempe et ses affluents, ces travaux ont pu être réalisés dans le cadre d’un contrat Natura 2000 porté par le Conservatoire, signataire d’une convention de gestion avec la commune. Un suivi annuel de la population est assuré par le Conservatoire en lien avec le GMHL.

Et maintenant, pourquoi ne pas imaginer, afin de boucler la boucle, une valorisation locale de ce guano, excellent engrais naturel pour les potagers ou les jardins publics. La mairie, contactée à ce sujet, semble favorable à une telle idée.

Système de récupération du guano dans l'église de Saint-Sornin-Leulac
Résultat des travaux d'aménagement du clocher de l'église
Colonie de Grand Murin dans l'église de Saint-Sornin-Leulac
Colonie de Grand Murin de l'église de Saint-Sornin-Leulac © Manon Devaud